Welcome to F.I.E.L.D.- the First Ismaili Electronic Library and Database.

09. Grandes Lignes du Système

in

Les Haqa'iq accentuent beaucoup le parallélisme entre le macrocosme et le microcosme. Le Tawhid islamique y est porté à sa dernière limite et les attributs dérivant de l'expérience des sens de ne sont point donnés à Dieu. Par un acte de volition prééternelle, l'unique produit la première (sabiq) émanation (munba'at), s'accordant en cela avec le système plotinien, c'est le aql al-Kull, ou le principe formateur conscient répandu partout, le premier "initiateur" du monde (mubdi). La seconde émanation , qui apparaît à partir de la précédente, est le principe vivifiant conscient, nafs al-kull, le troisième élément de la triade politinienne originale. Ici apparaît un nouveau développement, évidemment dû à un effort pour concilier cette idée avec le système de Ptolémée. Quelques nouveaux aql s'introduisent. Ce sont les principes mouvants "logiques" des différentes sphères (falak), par exemple de la sphère des étoiles fixes et des constellations zodiacales, des cinq planètes, du soleil et de la lune. Le dernier est le aql actif de la terre, al-aql al-fa''al, le créateur actuel des formes (sura) appelé le second mubdi. C'est sur lui que sont transférées toutes les fonctions qui, dans le système plotinien, appartiennent au nafs al-kull. Les formes qui, en travaillant sur le substrat de la matière, la hayyula, produisent le monde visible, ou leurs prototypes parfaits, d'après lesquels elles ont été créées. C'est évidemment une version de la théorie des idées de Platon, qui a été faussement interprétée. Elle forme ici un pont jeté entre la philosophie et la religion. S'il doit exister un prototype parfait de l'humanité, l'homme parfait, il doit exister ici dans ce monde, sans quoi l'humanité n'existerait pas. Mais qui pourrait être l'homme parfait, sinon l'Élu unique, le dernier et le plus grand Messager de Dieu, son prophète Muhammad ? Comme homme, il est le couronnement de la création, et l'homme parfait étant le couronnement de l'humanité, le prophète correspond à ce qui dans le monde cosmique est le aql al-kull. Quant au nafs al-kull, il ne peut être quelqu'un d'autre que le wasi, ou l'héritier du prophète, c'est-à-dire Ali. Et les imams qui ont en permanence la charge de ce monde, sont l'hypostase du aql' final. L'âme, qui est la "forme" de l'être humain, appartient au monde spirituel le plus haut, mais est entraîné dans le monde impur du "devenant et du malfaisant", kawn wa fasad. En s'associant avec la plus proche substance supérieure, l'imam, l'âme doit "monter" et retourner à la source originelle, pour atteindre l'ultime salut. La méthode de cette association est al-ibada al-ilmiya, c'est-à-dire l'acquisition du savoir révélé par les imams et l'obéissance à leurs ordres : "qui meurt sans avoir reconnu l'imam de son temps, meurt kafir.

Ce système se cristallisa dans la tradition musta'lienne, mais les Nizaris l'altérèrent légèrement. Les fatimides n'encourageraient pas les idées extrémistes et, dans l'ancienne littérature, l'imam était à peu près le même que le halifa. Les Fatimides se donnèrent pour les lieutenants du fondateurs de la religion, le prophète. Les Nizris, sans doute grâce à la forte influence des idées sufies, accentuèrent la vie spirituelle, réduisirent le zahir et firent de la "lumière" de l'imamat le prince suprême. Ils considèrent le principe de l'imamat, ou conduite divine, comme éternel, ayant son point de départ avant la création. Le monde N'est jamais dépourvu d'imam, sans quoi il périrait instantanément. L'imam est l'hypostase de la volition primale, amr ou "parole", logus, kalima le "sois" coranique. Cette substance demeure dans l'imam qui par ailleurs est un homme mortel, et ne se transmet que de père en fils, par nass (testament). Il n'y a pas d'imams inférieurs et supérieurs, tous sont une et la même substance. L.imam n'est pas "incarné", il n'y a pas de Hulul ou de Tanasuh dans l'isma'ilisme. Le premier imam au début de la période (dawr) de Muhammad fut Ali, et ses descendants (duriya) sont ses successeurs. Hasan, qui est considéré comme le premier imam par les Must'liens, est rayé de la liste, car il ne fut qu'un suppléant en faveur de son frère. Le prophète reste le aql al-kull, mais le nafs al-kull a son hypothèse dans les hugga (à l'époque fatimide, l'un des douze ou des vingt-quatre chefs). C'est d'ordinaire un parent proche de l'imam, parfois même une femme ou un enfant. Le Hugga possède une connaissance miraculeuse innée de l'imam et il instruit le fidèle.

On ne trouve pas de traces dans la littérature originale isma'ilie, ou dans la tradition, de plusieurs "degrés d'initiation" analogues aux degrés maçonniques dans lesquels chacun a son propre "secret". La révélation du système ésotérique dépendant évidemment simplement du niveau d'éducation et de l'intelligence. La hiérarchie des dignitaires, hudud al-din, ne correspondit sans doute avec l'initiation qu'à a période ancienne où la science était uniquement confinée dans les classes sacerdotales. Plus tard, les hudud furent changés ou placés sur un schème différent. Le mustagibn "initie", ma'din "autorisé à instruire", da'i "prédicateur" et hugga "chef de diocèse" (gazira) furent les rangs fondamentaux. Le nombre sept appartient aux nombres mystiques : il y a des cycles de sept imams, les sept cycles millénaires de grands prophètes (Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad, chacun Avec son wsi ; le septième est le qa'im, attendu), etc.

Le système de fiqh fondé par Qadi Nu'man, et conservé par les Musta'liens, n'a jamais par la suite reçu de développement. Le calendrier des Musta'liens diffère du calendrier général musulman, il le devance d'un jour ou deux, car le début du mois lunaire est calculé astronomiquement et ne dépend pars de la visibilité de la lune.


Back to top